
Instauré en 2008 dans le cadre du système "bonus-malus automobile", le malus écologique est une taxe appliquée lors de l'achat d'un véhicule neuf émettant une quantité importante de CO₂. Son principe : plus un véhicule pollue, plus son propriétaire paie cher à l'immatriculation.
Depuis le 1er janvier 2024, le malus s'applique dès 118 grammes de CO₂/km (contre 123 g en 2023) et peut atteindre jusqu'à 60 000 € pour les véhicules les plus émissifs dépassant 193 g de CO₂/km Malus automobile : les recettes fiscales de l'État ont doublé au cours du premier semestre 2024 - Auto Infos, selon NGC-Data. Ce durcissement a eu des effets immédiats sur les caisses de l'État.
Les chiffres sont éloquents. Au premier semestre 2024, l'État a encaissé 737 millions d'euros de malus écologique, soit pratiquement le double des 380 millions d'euros collectés sur la même période en 2023 Auto InfosCaradisiac selon NGC-Data.
Sur l'année complète 2023, les recettes du malus s'élevaient à 630 millions d'euros PLF 2025 : Le malus écologique en passe d'être multiplié ... selon Mobilians.
Cette explosion s'explique par plusieurs facteurs :
En 2024, les SUV représentent 49,02 % des transactions de véhicules neufs en France Top 30 des SUV neufs les plus vendus en France en 2024 selon L'Argus, confirmant la tendance à la "SUVisation" du parc automobile français. Ces véhicules plus lourds et plus émissifs sont particulièrement visés par le malus.
Sur la base des immatriculations 2023, le malus écologique pourrait atteindre 2,21 milliards d'euros en 2025, 3,27 milliards en 2026 et 4,44 milliards d'euros en 2027 Malus écologique. Le gouvernement dévoile sa feuille de route, voici ce qui vous attend jusqu'en 2027, selon une étude de Dataneo pour Mobilians. Soit une multiplication par sept en quatre ans.
Si en 2023 environ 40 % des véhicules neufs étaient assujettis au malus (CO2 et poids), en 2027 cette part passera à 80 % des véhicules immatriculés Malus écologique. Le gouvernement dévoile sa feuille de route, voici ce qui vous attend jusqu'en 2027, toujours selon Mobilians. Le malus, initialement conçu pour cibler les véhicules les plus polluants, devient progressivement une taxe quasi-générale sur l'automobile.
Le projet de loi de finances 2025 ne prévoit que 100 millions d'euros en crédits de paiement pour le vélo Budget 2025 : le gouvernement dégonfle le plan vélo - Public Sénat, a confirmé François Durovray, ministre délégué chargé des Transports, devant le Sénat.
Pour mettre ce chiffre en perspective :
Le budget 2025 représente donc une baisse de plus de 55 % par rapport aux années précédentes.
En 2024, plus de 400 collectivités ont déposé des projets dans le cadre du 7ème appel à projets "aménagements cyclables" Budget : 0 euro pour le vélo en 2025 ? | Fédération française des Usagères et Usagers de la Bicyclette selon la FUB. Or, les financements de l'État sont aujourd'hui gelés. Les 400 projets déposés sont menacés de ne pas voir le jour, alerte la Fédération des Usagers de la Bicyclette.
L'Agence de financement des infrastructures de transports (Afit) voit son budget passer de 4,7 milliards en 2024 à 3,7 milliards en 2025, soit une baisse d'1 milliard d'euros Fédération française des Usagères et Usagers de la BicycletteTransition Vélo selon Contexte et Reporterre. Le septième appel à projets du fonds mobilités actives ne sera effectivement pas attribué et aucun nouvel appel à projets ne sera lancé en 2025 Question n°839 : Avenir des fonds du Plan vélo - Assemblée nationale, a confirmé le gouvernement dans une réponse parlementaire.
Pour en savoir plus sur les conséquences de cette crise budgétaire, consultez notre analyse : Coup d'arrêt pour le budget vélo en 2025.
Le programme Alvéole Plus, qui visait à financer d'ici fin 2024 le déploiement de 100 000 places de stationnement vélo abritées et sécurisées, a été prolongé jusqu'à mars 2026. Porté dans le cadre des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE), ce programme subventionnait jusqu'à 40 % (et 50 % en ZFE) des investissements pour créer des parkings vélo sécurisés.
Grâce à Alvéole Plus, près de 40 000 places de stationnement vélo ont déjà été installées Alvéole Plus (en cours) | Fédération française des Usagères et Usagers de la Bicyclette selon la FUB. Mais après mars 2026, il n'y aura plus d'aide publique pour le stationnement vélo dans l'habitat collectif et les entreprises.
Désormais, copropriétés, bailleurs sociaux et entreprises devront assumer 100 % du coût de leurs projets de parking vélo. Un investissement qui reste indispensable pour répondre aux obligations légales de stationnement vélo dans les copropriétés anciennes qui font de gros travaux de rénovation, mais qui pèse lourd dans les budgets.
Chez Clap Vélo, nous continuons à accompagner les projets de stationnement vélo – de l'étude à la réalisation – mais nos prestations sont désormais payantes. Découvrez nos tarifs transparents pour budgéter sereinement votre projet.
Pour 2024, l'enveloppe budgétaire dédiée au bonus écologique s'élève à 1,5 milliard d'euros Bonus écologique : malgré la baisse, la France restera le pays le plus généreux en 2024 - Auto Info. À titre de comparaison, c'est 15 fois le budget alloué au vélo en 2025.
Depuis le 15 février 2024, le montant maximum du bonus écologique pour les véhicules électriques neufs est fixé à 4 000 euros pour les particuliers, et peut atteindre 7 000 euros pour les ménages dont le revenu fiscal de référence par part est inférieur ou égal à 15 400 euros Direction générale des Entreprises.
Le bonus écologique 2024 est financé par la même enveloppe de 1,5 milliard d'euros qui sert aussi au leasing social. Ce dispositif a dépassé les attentes : 50 000 voitures seront finalement financées en 2024.
Le problème fondamental ? Un véhicule électrique de 1,5 à 2 tonnes occupe autant d'espace qu'une voiture thermique, génère des embouteillages identiques, et nécessite des infrastructures routières coûteuses. Sans compter l'empreinte carbone de sa fabrication (notamment des batteries) et la congestion urbaine qu'il entretient.
Entre 2019 et 2023, la fréquentation des pistes cyclables a bondi de 37 % La politique de soutien au vélo va-t-elle dérailler ? selon Vélo et Territoires. Cette progression démontre que les Français sont prêts à changer de mode de déplacement... à condition d'avoir les infrastructures adaptées.
Pour comprendre les enjeux de cette transition, consultez notre article : Le paradoxe français : investir dans la voiture ou dans le vélo ?.
Faisons un calcul simple :
Si l'on appliquait le principe "pollueur-payeur" de façon cohérente, le malus devrait financer en priorité les alternatives à la voiture individuelle.
Avec 1 milliard d'euros de recettes de malus, on pourrait financer chaque année :
Le malus écologique alimente le budget général de l'État. Il n'est pas fléché vers des dépenses environnementales spécifiques. Résultat : ces recettes record se diluent dans les comptes publics et servent à financer... le bonus automobile électrique, qui lui-même subventionne le remplacement d'une voiture par une autre voiture.
En 2024, le budget consacré au verdissement du parc de véhicules atteint 1,5 milliard d'euros (+15% par rapport à 2023), dont l'essentiel finance le bonus écologique Ministère de l’ÉconomieBanque des Territoires selon le ministère de la Transition écologique.
Pendant ce temps, les 100 millions d'euros conservés dans le budget 2025 permettront de financer "tous les engagements de l'État" Budget 2025 : le gouvernement dégonfle le plan vélo - Public Sénat, assure François Durovray. Le sénateur écologiste Jacques Fernique note pourtant qu'"il s'agit du même montant que Strasbourg consacre à son propre plan vélo sur sept ans, pas sur un an"
La première mesure évidente serait de flécher au minimum 50 % des recettes du malus écologique vers la construction d'infrastructures vélo. Cela représenterait environ 500 millions € annuels (sur la base des recettes 2024), soit 5 fois le budget vélo actuel
Cette mesure pourrait être inscrite dans la loi de finances sous la forme d'une affectation budgétaire obligatoire, sur le modèle du compte d'affectation spéciale (CAS) dédié à la transition énergétique.
Le stationnement vélo est le parent pauvre des politiques cyclables, comme nous l'expliquons dans notre article dédié à ce sujet. Le manque de stationnement vélo est un frein majeur au développement de la pratique du vélo selon la FUB.
Un fonds national doté de 200 millions d'euros annuels (prélevés sur le malus) pourrait :
Une mesure complémentaire consisterait à conditionner l'octroi du bonus automobile à un investissement équivalent dans les mobilités douces :
Cette logique de "double investissement" garantirait que chaque euro public destiné à la mobilité électrique serve aussi à développer l'alternative vélo.
Même sans subvention, créer un parking vélo sécurisé dans votre copropriété, votre entreprise ou votre établissement public reste un investissement stratégique :
Pour approfondir ce sujet, consultez notre article : 1 Français sur 4 fait du vélo : il est urgent de construire des parkings !
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Même sans aide publique, plusieurs leviers permettent de construire un parking vélo à moindre coût :
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Le malus écologique génère plus d'un milliard d'euros par an grâce aux Français qui achètent des véhicules polluants. Cet argent devrait logiquement financer les alternatives à la voiture individuelle : pistes cyclables, parkings vélo sécurisés, services de vélo-école, réseaux de vélos partagés...
Au lieu de cela, ces recettes disparaissent dans le budget général ou servent à subventionner des voitures électriques qui reproduisent les mêmes problèmes de congestion et d'occupation de l'espace que les véhicules thermiques.
Pendant ce temps, le budget vélo s'effondre à 100 millions d'euros en 2025, les programmes de subvention s'arrêtent, et les collectivités locales doivent faire des choix douloureux entre différents projets d'infrastructure.
Cette situation n'est pas une fatalité. Comme le démontrent nos articles sur pourquoi investir dans le Plan Vélo et sur le vélo comme investissement rentable, chaque euro investi dans les infrastructures cyclables génère entre 5 et 10 € de bénéfices socio-économiques (santé, environnement, désengorgement, productivité).
Il est donc urgent de flécher massivement les recettes du malus écologique vers le développement du vélo. C'est une question de cohérence politique, d'efficacité environnementale... et de simple bon sens économique.