Le stationnement vélo en habitat collectif : le maillon faible des politiques publiques

Près d’1 Français sur 4 utilise déjà le vélo comme mode de déplacement régulier (INSEE, 2023), pourtant la question du stationnement sécurisé en habitat collectif reste largement oubliée des politiques publiques. Alors que l’État finance massivement l’achat de vélos et le développement de pistes cyclables, les parkings vélos dans les immeubles sont le parent pauvre de la mobilité durable. Or sans stationnement sûr, pratique et accessible, le vélo continue d’être perçu comme un mode de transport inconfortable et risqué.
Le stationnement vélo en habitat collectif : le maillon faible des politiques publiques

Un enjeu stratégique pour le report modal

Pourquoi le stationnement vélo est décisif

Le développement des infrastructures cyclables encourage les déplacements quotidiens à vélo. Mais si les cyclistes ne savent pas où stationner leur vélo sans crainte de vol, l’usage finit par stagner. Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR, 2024), 41% des cyclistes citent la peur du vol comme leur principale inquiétude, devant même les accidents.

Aujourd’hui :

  • 400 000 vélos sont volés chaque année en France (ONISR 2024).
  • Moins d’1 logement collectif sur 3 dispose d’un local vélo conforme aux besoins actuels (FUB, 2023).
  • Dans le neuf, même quand les normes sont respectées, les locaux sont souvent sous-dimensionnés, surencombrés ou mal situés.

C’est le serpent qui se mord la queue : un manque de places décourage l’utilisation, ce qui entraîne une sous-utilisation et un manque d’entretien.

Le cadre légal actuel

Pour les bâtiments neufs

La Loi Climat et Résilience (2021) impose aux promoteurs :

  • 1 emplacement vélo pour chaque logement T1,
  • 2 emplacements pour les logements T2 et plus.

Cette disposition va dans le bon sens, mais elle reste insuffisante : l’explosion de la pratique du vélo dépasse largement ces ratios.

Pour les bâtiments anciens

Depuis la loi Grenelle II (2010) et confirmée par la loi LOM (2019), les copropriétés doivent mettre à l’ordre du jour de l’assemblée générale la question de créer un local vélo dès lors que des travaux représentant au moins 2% de la valeur du bâtiment sont envisagés. En théorie, cette obligation permet d’installer des infrastructures même dans l’ancien. En pratique, elle se limite souvent à un simple débat, sans réalisation concrète.

👉 À lire : Les obligations des copropriétés en matière de construction de places vélo

Des vélos partout, des places nulle part

Depuis 2020, la vente de vélos dépasse celle des voitures neuves en France (Union Sport & Cycle, 2024). Résultat : les vélos sont déjà là, mais les places de stationnement restent absentes.

  • Les locaux vélos existants sont souvent vétustes et mal entretenus.
  • Les cyclistes préfèrent monter leur vélo à l’étage ou le laisser dans les couloirs plutôt que d’utiliser un sous-sol humide, encombré et sans sécurité.
  • Dans les logements neufs, le nombre de vélos dépasse déjà la capacité prévue par la réglementation.

👉 Voir nos conseils pratiques : 5 erreurs courantes dans l’aménagement des parkings vélos et comment les éviter

Le vol de vélo : frein numéro un

Toutes les études le confirment : la crainte du vol reste le principal frein au développement du vélo en ville.

  • 1 vélo sur 5 est volé au moins une fois dans sa durée de vie (FUB, 2023).
  • 23% des victimes de vol arrêtent définitivement le vélo (INSEE, 2022).

En parallèle, les collectivités aménagent des places sur voirie (arceaux, stations sécurisées), mais la majorité des vols se produit… le jour, dans la rue, devant le domicile ou le lieu de travail (Observatoire du vol de vélo en France, 2024).

👉 À lire : Vol de vélo en France : pourquoi un parking sécurisé est indispensable

L’impasse des copropriétés sans accompagnement

La fin du programme Alvéole+ en 2024 a laissé un vide : plus aucune aide financière dédiée au stationnement vélo en copropriété n’est disponible. Résultat, les projets stagnent, faute de budget ou de conseil technique adapté.

Or, l’expérience a montré que :

  • un projet de local vélo met en moyenne 3 ans entre la première discussion et la mise en service ;
  • les copropriétés ont besoin d’un accompagnement technique pour optimiser l’espace (par ex. transformation d’anciennes loges de gardien ou redistribution de places voitures).

👉 Découvrez nos réalisations en images : Références avant/après Clap vélo

Vers une politique intégrée

Pour réussir la vélorution en habitat collectif, il faut compléter les mesures existantes par :

  • un plan massif de stationnement vélo dans l’ancien, accompagné de financements incitatifs ;
  • des normes adaptées au vrai usage, et non au strict minimum réglementaire ;
  • des solutions ergonomiques (double étage, crochets, supports muraux adaptés aux VAE) pour optimiser la place disponible ;
  • une prise en charge par des prestataires spécialisés, capables de concevoir des projets sur-mesure et opérationnels.

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Conclusion : remettre le stationnement au cœur des politiques publiques

Oui, les pistes cyclables se multiplient. Oui, les ventes de vélos explosent. Mais sans stationnement adapté dans les immeubles, la France risque de freiner elle-même l’essor de la mobilité douce.

Il est temps que les décideurs complètent le financement d’infrastructures de voirie par un plan ambitieux pour l’habitat collectif. Investir dans le stationnement vélo, c’est agir à la racine des freins au report modal, tout en répondant aux besoins quotidiens des millions de cyclistes.

👉 Vous réfléchissez à un projet de local vélo en copropriété ? Parlons-en dès aujourd’hui.

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