Le stationnement des vélos dans les habitations collectives : le parent pauvre des politiques publiques

Les politiques publiques se concentrent largement sur les infrastructures cyclables et l'aide à l'achat de vélos, ce qui constitue un pas dans la bonne direction pour promouvoir la mobilité durable. Cependant, un aspect crucial reste souvent négligé : le stationnement des vélos dans les habitations collectives.
Le stationnement des vélos dans les habitations collectives : le parent pauvre des politiques publiques

L'importance d'une politique claire et efficace pour le stationnement des vélos

Sans une politique claire et efficace en faveur de la création massive de parking vélo dans les habitations collectives, le potentiel de report modal massif vers le vélo reste limité. En effet, la perception du vélo comme un mode de déplacement peu pratique et inconfortable persiste si les cyclistes ne peuvent pas stationner leurs vélos facilement et en toute sécurité.

Dans ce contexte, les mesures législatives récentes constituent une avancée significative. Les promoteurs sont désormais tenus de créer des locaux vélos dans les résidences neuves, avec une norme précise : une place par T1 et deux places par T2 et plus. Cette obligation vise à encourager l'utilisation du vélo dès la conception des nouveaux bâtiments.

De même, dans les habitations collectives anciennes, des mesures légales ont été mises en place pour encourager le stationnement des vélos. Les copropriétés sont tenues d'évoquer le sujet en assemblée générale et de créer des places de parking vélo dès lors que des travaux représentant 2% de la valeur du bien sont réalisés. Ces obligations légales visent à favoriser l'installation d'infrastructures adaptées au stationnement des vélos, même dans les bâtiments plus anciens où l'espace disponible peut être plus restreint. Voir mon interview de Maitre Naudin, avocat spécialiste du droit de la copropriété.

Ces obligations légales, tant dans le neuf que dans l'ancien, sont essentielles pour garantir que les besoins des cyclistes sont pris en compte dès la conception et la rénovation des bâtiments. Elles contribuent à créer un environnement urbain plus propice à l'utilisation du vélo comme mode de transport quotidien, en offrant des solutions de stationnement sécurisées et pratiques pour les cyclistes de tous horizons. Le problème est que dans l’ancien, il ne suffit pas d’évoquer le sujet en assemblée générale ou proclamer qu’il faut créer des places vélos dans les parkings automobiles pour que des parkings vélos fleurissent partout. Il faut accompagner et cofinancer ces projets sans quoi ces mesures législatives seront vaines.

Les vélos sont là mais les places sont toujours inexistantes.

Les politiques publiques en faveur du vélo fonctionnent. Les Français achètent des vélos. Résultats les vélos sont déjà là mais les places absentes.

Les locaux vélos sont souvent trop petits et surencombrés de vélos. Certes, beaucoup d'entre eux sont vétustes faute d'entretien, mais cela s'explique souvent par le fait que leur propriétaire ne les utilise pas, vu qu'ils ne sont pas facilement accessibles. C'est le serpent qui se mord la queue : un manque de places dissuade l'utilisation, et une sous-utilisation entraîne un manque d'entretien.

Même dans les bâtiments neufs, cette problématique persiste, avec un nombre de vélos dépassant largement celui des places de stationnement disponibles. De plus, ces parkings sont souvent difficilement accessibles et mal équipés, ce qui rend l'expérience du cycliste encore plus frustrante.

La peur du vol reste le frein principal à l’usage du vélo

Parmi les deux freins à l’usage du vélo évoqués dans toutes les études depuis les années 2000 il y a la peur de l’accident et du vol. Autant la crainte d’un accident recule, autant la peur du vol demeure.

Si les Français étaient autrefois réticents à enfourcher un vélo par crainte d'accidents, cette tendance s'est peu à peu inversée avec le développement de voies cyclables sécurisées. En effet, selon les données de Géovélo, 2 638 kilomètres de voies cyclables ont été installés en France métropolitaine en 2022, confirmant ainsi une progression constante ces dernières années.

Cependant, la peur du vol demeure un obstacle majeur. Bien que les collectivités et les promoteurs immobiliers s'efforcent de fournir des solutions, notamment en construisant des places sur la chaussée et en intégrant des parkings vélos dans les logements neufs, la situation dans l'ancien reste problématique. En l'absence d'obligations légales réelles et surtout d’aide, les copropriétaires se retrouvent dépassés par le nombre croissant de vélos qui encombrent les parties communes.

Malgré les conflits de voisinage et les contraintes pratiques, comme monter son vélo dans un appartement par les escaliers ou l'ascenseur, les cyclistes quotidiens refusent de laisser leur vélo vulnérable dans la rue. Cette préoccupation sécuritaire dissuade également les aspirants cyclistes, qui hésitent à investir dans un vélo sans garantie de pouvoir le ranger en toute sécurité. Ainsi, le manque d'infrastructures de stationnement adéquates constitue un obstacle majeur à l'essor de la pratique du vélo en France.

Un appel à l'action pour une politique intégrée

Continuer à cofinancer l'achat de vélo est louable, mais cela doit s'accompagner d'une attention équivalente portée à l'infrastructure de stationnement. Il est temps que les décideurs politiques reconnaissent l'importance cruciale du stationnement des vélos dans les habitations collectives et mettent en œuvre des mesures concrètes pour remédier à cette lacune et pas seulement dans le neuf.

Le programme Alvéole+, porté par la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette), répond à cet enjeu en fournissant gratuitement, sans avance de frais ni engagement, un conseil personnalisé aux copropriétés souhaitant s'équiper en infrastructures de stationnement pour vélos. Clap vélo fait partie de ce réseau de conseiller. Cliquez ici pour me parler de votre projet vélo. De plus, ce programme offre une prime correspondant à 50% du montant des travaux nécessaires. Cependant, une problématique demeure : le programme Alvéole+ se termine en novembre 2024, après seulement un an et demi de test. Cette durée relativement courte ne permet pas d'évaluer pleinement les effets de cette politique sur le report modal vers le vélo.

Il est également essentiel de prendre en compte la temporalité des projets d'aménagement vélo. Comme mentionné dans l'article "Les projets vélo durent trois ans", entre le moment où l'on commence à parler d'aménager un parking pour vélos et le jour de l'inauguration, il peut s'écouler plusieurs années. Cette réalité chronologique complexe nécessite une planification anticipée et une vision à long terme de la part des autorités et des acteurs impliqués dans la promotion de la mobilité cyclable.

Les politiques publiques ont progressé dans la promotion du vélo en se concentrant sur les infrastructures cyclables et l'aide à l'achat de vélos. Cependant, le stationnement des vélos dans les habitations collectives reste un défi majeur.

Une politique claire et efficace pour le stationnement des vélos est cruciale pour favoriser le report modal vers le vélo. Bien que des obligations légales aient été instaurées, les défis persistent, notamment en termes de taille et d'équipement des locaux vélos, ainsi que la préoccupation persistante liée au vol.

Les programmes tels qu'Alvéole+ offrent des solutions, mais leur durée limitée souligne la nécessité d'une vision à long terme. En reconnaissant la temporalité des projets d'aménagement vélo, nous pouvons créer un environnement urbain favorable à une mobilité cyclable durable.

En développant des infrastructures adaptées, en renforçant la sécurité et en adoptant une approche proactive, nous pouvons transformer nos villes en des espaces accueillants pour les cyclistes, offrant ainsi une alternative attrayante et pratique pour les déplacements quotidiens.

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