Une culture automobile qui pèse lourd… très lourd
186 milliards d’euros par an.
C’est le coût total de la voiture pour la société française, selon le collectif Vivons sans Voiture. Ce montant, colossal, englobe :
- Infrastructures routières :
L’entretien et la construction des routes coûtent 14,6 milliards d’euros chaque année aux administrations publiques françaises. - Pollution de l’air :
La pollution générée par le trafic automobile représente 40,5 milliards d’euros par an, principalement à cause des maladies respiratoires, des décès prématurés et des hospitalisations (source : Sénat, 2015). - Bruit :
Le bruit routier coûte à la société 81 milliards d’euros par an, selon l’ADEME et le Conseil National du Bruit. Ce montant inclut les impacts sanitaires (troubles du sommeil, maladies cardiovasculaires, stress) et la baisse de productivité. - Accidents de la route :
Les accidents corporels et matériels liés à la voiture coûtent 44 milliards d’euros par an à la société française (source : ONISR, 2022). - Sédentarité :
L’usage massif de la voiture favorise la sédentarité, responsable d’un surcoût sanitaire estimé à 6 milliards d’euros par an (source : Assurance Maladie).
À ces chiffres s’ajoutent des coûts plus difficiles à quantifier : perte de temps dans les embouteillages (en moyenne 163 heures par an pour un automobiliste parisien), artificialisation des sols, perte de valeur immobilière dans les zones bruyantes, dépendance énergétique, et contribution au réchauffement climatique.
Une mobilité excluante pour des millions de Français
Contrairement à l’image d’une France « motorisée », la réalité est bien différente :
- 33 % des Français sont structurellement exclus de la conduite automobile (absence de permis, incapacité physique, âge, contraintes économiques) – soit plus de 22 millions de personnes (source : Forum Vies Mobiles, 2024).
- 44 % des détenteurs du permis renoncent régulièrement à utiliser leur voiture dans au moins une situation : fatigue, météo, coût de l’essence, stress, etc. Cela représente plus de 20 millions de Français qui subissent des limitations dans leur mobilité quotidienne.
- Les jeunes (18-24 ans) sont particulièrement touchés : 97 % d’entre eux renoncent au moins occasionnellement à conduire, souvent pour des raisons économiques ou d’inexpérience.
- Les femmes renoncent davantage à la conduite que les hommes, notamment la nuit (50 % contre 36 %).
Le modèle automobile, loin d’être universel, crée une véritable fracture de la mobilité.
Le vélo : une alternative sous-utilisée, aux bénéfices prouvés
Face à ce constat, le vélo apparaît comme une solution évidente et pourtant trop peu soutenue. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- En ville, 60 % des trajets en voiture font moins de 5 km (source : ADEME), une distance idéale pour le vélo.
- Le coût annuel d’un vélo (achat, entretien, assurance) est estimé entre 100 et 300 euros, contre 6 000 à 10 000 euros pour une voiture (source : UFC-Que Choisir).
- Le vélo permet de réduire de 30 % à 50 % les émissions de CO₂ des déplacements urbains (source : European Cyclists’ Federation).
- En termes de santé publique, la pratique régulière du vélo réduit le risque de maladies cardiovasculaires de 30 % et augmente l’espérance de vie de 2 à 3 ans (source : Inserm).
Pourtant, la France reste en retard :
- À Paris, il manque plus de 30 000 arceaux publics pour répondre à la demande croissante.
- Moins de 10 % des gares françaises disposent d’un parking vélo sécurisé, contre plus de 50 % aux Pays-Bas (source : FUB, 2023).
- Le vol de vélo reste un frein majeur : 400 000 vols par an, soit un vélo volé toutes les 1,5 minutes (source : Ministère de l’Intérieur).
Investir dans le vélo : un retour sur investissement exceptionnel
Chaque euro investi dans le stationnement vélo ou les infrastructures cyclables rapporte entre 4 et 5 euros à la collectivité, grâce à la réduction des coûts de santé, de pollution et d’accidents (source : European Cyclists’ Federation).
- Les villes qui ont massivement investi dans le vélo, comme Copenhague ou Amsterdam, constatent une baisse de 20 à 30 % du trafic automobile et une amélioration significative de la qualité de vie urbaine.
- À Lyon, le développement des pistes cyclables a permis d’augmenter la part modale du vélo de 7 à 15 % en moins de 10 ans (source : Grand Lyon).
Conclusion : sortir du paradoxe, investir pour l’avenir
Il ne s’agit pas d’être « anti-voiture » : la voiture reste indispensable pour de nombreux usages, notamment en zones rurales ou pour les personnes à mobilité réduite. Mais les chiffres montrent qu’en France, l’essentiel des investissements publics et privés continue d’aller vers l’automobile, alors que les besoins en infrastructures vélo explosent et que les bénéfices économiques, sanitaires et sociaux d’un rééquilibrage sont évidents.
Réajuster les budgets, c’est simplement reconnaître que la mobilité de demain doit être plus diversifiée, plus inclusive et plus durable.
Investir dans le vélo, ce n’est pas tourner le dos à la voiture, c’est élargir le champ des possibles pour tous, tout en allégeant le fardeau économique et environnemental qui pèse sur notre société.
Ce n’est pas une question d’opposition, mais de bon sens collectif.