Faisons des économies, investissons dans le Plan Vélo

En 2025, alors que le gouvernement français cherche à économiser 10 milliards d’euros, les coupes budgétaires touchent particulièrement l’écologie et les mobilités durables. Pourtant, freiner l’investissement dans le vélo revient à négliger une source massive d’économies pour l’État : réduction des dépenses de santé, diminution des accidents routiers, baisse de la pollution et du CO2. Chaque euro investi dans les infrastructures cyclables en rapporte plusieurs à la collectivité. Alors, pourquoi continuer à considérer le vélo comme une dépense au lieu de le voir comme un levier économique et de santé publique ?
Faisons des économies, investissons dans le Plan Vélo

Une pratique encore marginale en France

L’enquête « Mobilité des personnes » de l’Insee (2022) montre que la place du vélo reste limitée :

  • Les adultes français pédalent en moyenne 2 km par semaine,
  • Contre 28 km aux Pays-Bas, soit 14 fois plus.

La pratique est par ailleurs inégalitaire :

  • Les hommes effectuent 75% des kilomètres à vélo,
  • Dans les trajets domicile-travail, seuls 2% des femmes utilisent le vélo, contre 5% des hommes (Insee, 2022).

À titre de comparaison, 27% des déplacements aux Pays-Bas sont effectués à vélo, preuve qu’une politique cyclable ambitieuse produit des résultats concrets.

Des bénéfices sanitaires prouvés

Le vélo est un médicament gratuit. Selon l’unité PACRI (Cnam - Institut Pasteur, 2022) :

  • 100 minutes de vélo par semaine réduisent la mortalité de 10% toutes causes confondues,
  • En 2019, la pratique cyclable a permis d’éviter environ 2 000 décès et 6 000 cas de maladies chroniques (diabète, cancers, maladies cardiovasculaires).

Impact économique de la santé

Chaque kilomètre parcouru à vélo génère 1 euro d’économies en coûts sociaux de santé (hospitalisations, maladies chroniques évitées, arrêts maladies).
→ Soit 5 milliards d’euros de bénéfices annuels (Source : PACRI, 2022).

À l’inverse, la voiture coûte cher à la collectivité : les accidents routiers automobiles pèsent 39 milliards d’euros par an en France (ONISR, 2023).

Un gisement d’économies colossal

Aujourd’hui, plus de 50% des trajets de moins de 5 km sont encore réalisés en voiture (Insee, 2022). Or, ces distances sont idéales pour le vélo : un trajet de moins de 5 km prend généralement moins de 20 minutes à vélo.

Si 25% de ces trajets basculaient vers le vélo :

  • 2 000 décès supplémentaires évités/an,
  • 2,5 milliards d’euros d’économies en santé,
  • Une réduction massive des émissions de CO2, équivalente à certains crédits d’impôt pour la rénovation énergétique.

Pourquoi l’investissement reste insuffisant

Malgré l’évidence des bénéfices :

  • La part modale du vélo stagne autour de 3% depuis 10 ans en France,
  • L’investissement public reste inférieur à 10 €/habitant/an,
  • Contre 30 à 40 €/habitant/an aux Pays-Bas et au Danemark (Commission européenne, 2023).

Or, une hausse de 10% de la part modale du vélo pourrait générer 10 milliards d’euros d’économies annuelles.

Investir dans le vélo, ce n’est donc pas une dépense, mais un accélérateur de croissance et de finances publiques saines.

Les politiques publiques à la croisée des chemins

En 2025, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a déclaré que "l’État ne devait plus financer directement le vélo, mission des municipalités".
Mais se désengager du vélo, c’est passer à côté d’un levier économique capable de financer d’autres priorités nationales, y compris la sécurité.

Ce que dit la loi

La Loi d’Orientation des Mobilités (LOM, 2019, Article L228-2 du Code de l’environnement) impose déjà aux collectivités de développer les infrastructures de mobilité active. Réduire les efforts de l’État enverrait donc un signal contradictoire aux territoires.

Conclusion : une vision de long terme indispensable

Le vélo ne doit pas être vu comme une dépense accessoire, mais comme un investissement stratégique rentable au service de trois priorités nationales :

  1. Améliorer la santé publique
  2. Réduire les dépenses publiques
  3. Lutter contre le changement climatique

Avec 42% des trajets domicile-travail de moins de 5 km (Insee, 2022), la France a un potentiel énorme encore inexploité.
Un effort budgétaire dès aujourd’hui garantirait une société plus saine, plus prospère et plus durable, tout en libérant des marges de manœuvre financières pour d’autres secteurs clés comme la sécurité ou l’éducation.

Pour aller plus loin

👉 Et vous, pensez-vous que la France sous-estime le potentiel économique du vélo ?

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