Pourquoi la fin d’Alvéole+ pose problème
Une dynamique qui risque de s’essouffler
Depuis 2019, la fréquentation vélo a progressé de +48% (Baromètre Vélo & Territoires – 2023) et les ventes de vélos électriques continuent de croître (+8% en 2024 selon l’Union Sport & Cycle). Mais le stationnement demeure un immense point faible :
- Moins de 500 000 places sécurisées publiques dans tout le pays (source FUB, 2024)
- 70% des Français citent le vol comme principale crainte freinant leur usage du vélo (FUB 2023)
- Environ 450 000 vols déclarés/an, avec un chiffre probablement sous-estimé (Ministère de l’Intérieur, 2023)
Sans dispositif comme Alvéole+, la dynamique enclenchée risque de se briser en 2026, faute de financements pour accompagner les acteurs.
Des projets cyclables longs à aboutir
Installer un local vélo en copropriété ou un abri dans une école n’est pas un projet rapide. Comme nous l’avions montré dans Les projets d’aménagement vélos en copropriété durent trois ans, entre l’idée et la livraison, il faut compter :
- 12 à 18 mois de maturation (votes en assemblée générale, concertation, validation technique)
- 4 à 7 mois pour l’installation, parfois 8 mois en zones protégées (Architectes des Bâtiments de France)
Or, si la fin du programme est confirmée fin 2025, beaucoup de projets votés cette année ne bénéficieront pas du financement.
Les apports d’Alvéole+ : un modèle à préserver
- 210 000 places financées entre 2019 et 2024
- Près de 15 000 sites accompagnés (copropriétés, établissements scolaires, bailleurs sociaux)
- Jusqu’à 50% de subvention sur les coûts d’aménagement
- Un contrôle qualité des installations par la FUB pour garantir sécurité et ergonomie
Sans cet effet levier, de nombreux syndics et bailleurs n’auraient jamais franchi le pas.
À lire : Alvéole : 9 ans pour structurer le stationnement vélo sécurisé, et maintenant ?
2026 : trois scénarios possibles
- Un relais étatique dans le cadre du Plan Vélo 2023-2027
Le gouvernement prolonge ou réinvente un programme équivalent, adossé aux CEE ou à une dotation budgétaire spécifique. - Une décentralisation aux Régions et Métropoles
Certaines collectivités (Île-de-France Mobilités, Métropole de Lyon, Bordeaux Métropole) commencent déjà à créer leurs propres dispositifs. Mais ces aides sont très inégales selon les territoires. - Un financement par le secteur privé et les acteurs immobiliers
Le stationnement vélo pourrait être intégré comme critère ESG dans les investissements immobiliers, ou conditionné à des incitations fiscales (TVA réduite, bonus logement durable, etc.).
Anticiper dès aujourd’hui : que peuvent faire les copropriétés et gestionnaires ?
- Accélérer leurs projets : toute demande déposée en 2025 peut encore bénéficier de la subvention tant que l’enveloppe n’est pas épuisée.
- S’appuyer sur des diagnostics capacitaires : outil disponible sur Clap vélo 👉 Calculatrice de places vélos.
- Valoriser les atouts immobiliers : un local vélo augmente la valeur et facilite la mise en location d’un bien (Le local vélo, nouvel atout de vente/location).
- Solliciter un accompagnement de conception : nos références avant/après montrent que chaque m² peut être optimisé 👉 Réalisations Clap vélo.
Conclusion : un relais impératif pour maintenir l’élan
Le programme Alvéole+ a joué un rôle structurant majeur pour le déploiement d’infrastructures de stationnement vélo sécurisées. Mais son arrêt prévu fin 2025 menace la continuité d’une dynamique encore fragile.
Si aucun relais n’est mis en place en 2026, la France risque un décrochage majeur dans la conquête d’une mobilité cyclable du quotidien, et les objectifs du Plan Vélo 2023-2027 deviendront inatteignables.
Il est temps que l’État, les Régions et les acteurs privés travaillent de concert pour inventer le “post-Alvéole+”, faute de quoi la France pourrait perdre dix ans dans la transition cyclable.
Pour aller plus loin :