Le Plan des Mobilités Île-de-France 2030 : Ambitions et défis pour le vélo
Alors que les Franciliens effectuent chaque jour plus de 43 millions de déplacements (Île-de-France Mobilités, 2024), la région a adopté une feuille de route ambitieuse : le Plan des Mobilités 2030. Face à l’urgence climatique, à la congestion et aux enjeux de santé publique, ce plan vise une transformation profonde des usages. Parmi les mesures phares : tripler la part du vélo d’ici 2030. Mais derrière l’ambition affichée, un point noir persiste : l’absence de politique forte pour les parkings vélos en copropriété, maillon indispensable pour développer l’usage quotidien du vélo.
Qu’est-ce que le Plan des Mobilités Île-de-France 2030 ?
Adopté en 2024, ce plan fixe les trajectoires régionales de mobilité pour les dix prochaines années. Véritable cadre stratégique, il cherche à répondre à trois urgences majeures : environnementale, sociale et de santé publique.
Objectifs chiffrés d’ici 2030
Réduire de 26% les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports (par rapport à 2015).
Réduire de moitié le nombre d’accidents et de tués sur les routes entre 2025 et 2029.
Diminuer de 15% les trajets réalisés en voiture et deux-roues motorisés.
Tripler les déplacements réalisés à vélo.
(Source : Île-de-France Mobilités, 2024 – présentation du Plan des Mobilités 2030)
Leviers d’action prévus
Développement massif des transports collectifs attractifs.
Priorité donnée aux piétons et aux mobilités de proximité.
Intermodalité renforcée pour simplifier le passage d’un mode à l’autre.
Décarbonation du parc automobile et adaptation des politiques de stationnement.
Partage de l’espace public entre voitures, transports collectifs, cyclistes et piétons.
Développement d’une logistique urbaine durable et de services de mobilité solidaire.
La place du vélo dans le Plan
Le vélo est clairement désigné comme l’un des piliers de la mobilité régionale. Avec un objectif de x3 déplacements cyclistes d’ici 2030, la Région et Île-de-France Mobilités misent sur ce mode à la fois écologique et économique.
Actions concrètes pour le vélo prévues dans le plan
Création de nouvelles pistes cyclables sécurisées.
Déploiement de stations de réparation, location et entretien (notamment via Véligo).
Développement de parcs de stationnement vélo sécurisés aux abords des gares.
Incitations financières à l’achat de vélos (notamment électriques).
(Source : Île-de-France Mobilités, 2024)
La grande faiblesse du Plan : le stationnement vélo en copropriété
Si l’accent est mis sur les pistes cyclables et les grands pôles (gares, hubs multimodaux), un angle mort persiste : le stationnement vélo dans l’habitat collectif.
Enjeu méconnu mais crucial
Plus d’1 ménage sur 4 vit en copropriété en Île-de-France (INSEE, 2023).
Or, seuls 40% des immeubles disposent d’un local vélo conforme à la réglementation (Ademe Île-de-France, 2022).
Le vol de vélos, qui touche plus de 500 000 cyclistes par an en France (ministère de l’Intérieur, 2023), demeure l’un des premiers freins à l’usage.
Sans solutions de parking sécurisées près du domicile, beaucoup de Franciliens renoncent à utiliser leur vélo au quotidien.
Un effet aggravé par la fin du programme Alvéole+
Le programme Alvéole+, financé par les Certificats d’Économies d’Énergie, a permis l’installation de 95 000 arceaux vélo et 400 000 places sécurisées (FUB, 2024). Mais il s’est terminé fin 2024, laissant les copropriétés sans soutien financier ni accompagnement technique.
Depuis 2025, aucune aide spécifique n’existe pour les locaux vélos privés, un frein majeur à la généralisation du stationnement sécurisé.
Les copropriétés, déjà confrontées à de lourdes charges, peinent à prioriser ces investissements pourtant essentiels.
Expertises et solutions concrètes pour les copropriétés
En l’absence d’aides publiques, les gestionnaires et syndics doivent être accompagnés pour optimiser leurs espaces. Aujourd’hui, il existe des outils et méthodes pour :
Conclusion : un plan ambitieux, mais incomplet sur le vélo
Le Plan des Mobilités Île-de-France 2030 marque un tournant historique pour la région : développer massivement le vélo comme pilier de mobilité durable. Ses objectifs environnementaux et de santé publique vont dans le bon sens.
Mais sans une politique forte de création de parkings vélos sécurisés en habitat collectif, ces ambitions resteront en partie théoriques. La véritable révolution cyclable passera par :
des infrastructures quotidiennes à proximité du domicile,
une adaptation de la réglementation pour imposer plus de locaux vélos,
et un soutien public/privé à la hauteur des enjeux.
Le vélo peut devenir la colonne vertébrale des mobilités franciliennes à condition de traiter enfin la question du stationnement résidentiel.