CSRD et mobilité durable : pourquoi les parkings vélo deviennent un impératif stratégique pour les entreprises

La directive européenne CSRD impose aux entreprises de publier un reporting détaillé sur leurs impacts environnementaux et sociaux, avec une attention particulière sur les émissions de gaz à effet de serre liées aux trajets domicile-travail des salariés. Pour les entreprises de services, le Scope 3 peut représenter jusqu'à 75% des émissions totales de polluants, les trajets domicile-travail et professionnels jouant un rôle significatif. Si la directive CSRD vient d'être reportée de deux ans par la loi française du 30 avril 2025, l'enjeu demeure inchangé : les entreprises devront prouver leur engagement pour la décarbonation des déplacements professionnels. Face à cette obligation de résultat qui arrive, le stationnement vélo sécurisé s'impose dès maintenant comme un levier stratégique incontournable de décarbonation et de conformité ESG.
CSRD et mobilité durable : pourquoi les parkings vélo deviennent un impératif stratégique pour les entreprises

La CSRD : un nouveau calendrier mais un enjeu toujours aussi crucial

Une directive ambitieuse pour harmoniser le reporting de durabilité

La directive CSRD a été publiée au Journal officiel de l'Union européenne le 16 décembre 2022. Elle vise à harmoniser le reporting de durabilité des entreprises et à améliorer la disponibilité et la qualité des données ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) publiées. La France a transposé en droit national la directive CSRD via l'ordonnance n° 2023-1142 du 6 décembre 2023 relative à la publication et à la certification d'informations en matière de durabilité.

Report de l'application : 2 ans de délai supplémentaire

La loi du 30 avril 2025 portant diverses dispositions d'adaptation au droit de l'Union européenne en matière économique, financière, environnementale (DDADUE5) modifie le calendrier d'application de la CSRD. Ce report s'explique par la volonté de l'Union européenne de simplifier les règles relatives à la publication d'informations en matière de durabilité.

Le nouveau calendrier d'application est désormais le suivant :

Premier reporting en 2028 (pour l'année 2027) : Entreprises remplissant deux des critères suivants :

  • Plus de 250 salariés
  • Chiffre d'affaires supérieur à 50 millions €
  • Bilan total supérieur à 25 millions €

Premier reporting en 2029 (pour l'année 2028) : PME cotées en bourse (sauf micro-entreprises) remplissant deux des critères suivants :

  • Entre 10 et 250 salariés
  • Chiffre d'affaires supérieur à 900 000 € et inférieur à 50 millions €
  • Bilan total supérieur à 450 000 € et inférieur à 25 millions €

Deux ans pour anticiper et agir

Ce report de deux ans constitue une opportunité stratégique pour les entreprises. Plutôt que de précipiter la mise en conformité, elles disposent désormais du temps nécessaire pour mettre en place des infrastructures durables et mesurer leur impact réel.

Les normes ESRS : un cadre précis pour le reporting mobilité

Les entreprises doivent appliquer des normes ESRS couvrant notamment les sujets suivants :

Environnement :

  • E1 : Changement climatique
  • E2 : Pollution
  • E3 : Eau et ressources marines
  • E4 : Biodiversité
  • E5 : Économie circulaire

Social :

  • S1 : Personnel de l'entreprise
  • S2 : Travailleurs de la chaîne de valeur
  • S3 : Communautés affectées
  • S4 : Consommateurs

Gouvernance :

  • G1 : Conduite des affaires

C'est dans ce cadre que le stationnement vélo prend tout son sens : il répond simultanément aux enjeux environnementaux (E1, E2) et sociaux (S1) du reporting.

Le Scope 3 et les trajets domicile-travail : un enjeu majeur de décarbonation

Une obligation de mesure des émissions

Pour les entreprises de certains secteurs d'activités (commercial, conseil), le rapport de durabilité sera fortement influencé par les déplacements domicile-travail et professionnels, mesurés dans le Scope 3 du Bilan Carbone, catégorie 7.

Les chiffres qui interpellent

En 2019, un actif se déplaçant pour aller au travail émet en moyenne 0,7 tonne d'équivalent CO2 par an pour ses trajets, tous modes de transport confondus. Les trajets domicile-travail en France métropolitaine représentent à eux seuls 13% des émissions de GES des transports, et plus de 25% des émissions des voitures des particuliers.

Les ¾ des déplacements domicile-travail se font seul en voiture. L'usage individuel de la voiture contribue massivement à la pollution de l'air et au rejet d'émissions nocives, représentant 54% des oxydes d'azote et 15% des particules fines émis en France.

L'exigence de plans d'action concrets

Contrairement aux précédentes obligations, la CSRD impose aux entreprises de présenter leurs impacts sur l'air, l'eau et le sol, mais aussi de décrire les actions préventives et correctives, ainsi que la stratégie de transition vers une économie durable.

Les entreprises devront notamment :

  • Quantifier les émissions de GES liées aux trajets domicile-travail
  • Présenter un plan de transition climatique avec des objectifs chiffrés
  • Démontrer les actions concrètes mises en œuvre
  • Publier des indicateurs de performance mesurables

Le vélo : un levier majeur et mesurable de réduction du Scope 3

Un impact carbone considérable à adresser

Selon l'ADEME, pour un trajet hebdomadaire moyen de 172 km, le vélo émet 0,03 kg de CO₂e par semaine contre plusieurs dizaines de kg de CO₂e en voiture. 3,7 millions d'actifs sont à moins de 2 kilomètres de leur lieu de travail et 4,5 millions à moins de 5 kilomètres. Pour des trajets de moins de 5 kilomètres, 61% des actifs se déplacent en voiture. Le potentiel de report modal est donc considérable.

Le stationnement sécurisé : le facteur déclencheur

Selon la FUB (2024), 62% des cyclistes urbains citent le manque de stationnements comme principal frein à l'usage quotidien du vélo. L'absence d'infrastructures sécurisées reste l'un des obstacles majeurs à la pratique du vélo en entreprise.

Si vous souhaitez dimensionner votre futur parking vélo, utilisez notre calculatrice en ligne qui estime le nombre de places optimales selon votre espace disponible.

Les bénéfices mesurables pour le reporting CSRD

Installer un parking vélo capacitaire et sécurisé permet de :

  • Réduire significativement les émissions de Scope 3 liées aux déplacements
  • Quantifier précisément l'impact : nombre de trajets vélo, km parcourus, tonnes de CO₂ évitées
  • Valoriser ces données dans le reporting CSRD comme preuve tangible de la politique de décarbonation
  • Améliorer le score ESG de l'entreprise auprès des agences de notation

Pour découvrir des exemples concrets de réalisations, consultez notre page de références avec des projets en mode avant/après.

Mobilité et bien-être : la dimension sociale du reporting CSRD

Au-delà de l'environnement, le volet social

Les normes ESRS S1 et S2 comportent des indicateurs relatifs à l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle des salariés. La durée des trajets domicile-travail, la ponctualité permise par le vélo vs la voiture et le bien-être physiques que procure le vélo peuvent être pris en compte comme indicateurs qualitatifs pour évaluer cet équilibre.

Le vélo : des bénéfices santé scientifiquement documentés

Réduction drastique des risques de maladies :

Pendant 5 ans, un groupe de chercheurs de l'université de Glasgow a analysé le comportement de 260 000 citoyens britanniques. Les scientifiques écossais ont constaté que parmi la population cycliste, les risques de développer un cancer étaient réduits de 45%, ceux d'être atteint d'une maladie cardiovasculaire de 46% et le risque de mourir d'une toute autre maladie de 41%.

Impact direct sur l'absentéisme :

Une étude menée en Finlande sur 28 485 employés municipaux a révélé que les employés qui ont un mode de déplacement actif de plus de 35 km/semaine ont entre 8 et 12% de risque en moins d'être absents une journée pour cause de maladie. Ils ont même 18% de risque en moins d'être absents sur de longues périodes de maladies (≥ 10 jours).

Une étude menée aux Pays-Bas en 2010 a démontré que pédaler pour aller travailler réduirait de 15% le nombre d'arrêts maladie sur un an.

Ces données concrètes peuvent être intégrées dans le volet social du reporting CSRD, démontrant l'impact positif sur la santé et le bien-être des collaborateurs.

Pour approfondir ce sujet, consultez notre article sur pourquoi venir au travail à vélo réduit les arrêts maladie.

L'articulation avec le cadre réglementaire français

La Loi LOM : une obligation nationale complémentaire

Depuis le 1er janvier 2020, la loi LOM impose aux entreprises de plus de 50 salariés sur un même site dans une agglomération de plus de 100 000 habitants d'élaborer un Plan de Mobilité Employeur (PDMe) et d'intégrer un volet mobilité au sein de leurs Négociations Annuelles Obligatoires (NAO).

Ce plan doit inclure :

  • Un diagnostic des déplacements domicile-travail
  • Des mesures concrètes pour encourager les modes alternatifs à la voiture individuelle
  • Un calendrier de mise en œuvre et des indicateurs de suivi

L'installation d'infrastructures de stationnement vélo figure parmi les actions les plus structurantes d'un PDMe. Pour en savoir plus, consultez notre guide sur les obligations des entreprises en matière de parking vélo.

Le Forfait Mobilités Durables : l'incitation financière

Le montant du forfait mobilités durables pour l'année 2024 est de 700 euros par an et par salarié en France métropolitaine, exonéré de cotisations sociales et d'impôt sur le revenu. Il peut atteindre 800 euros en cas de cumul avec les frais de transports en commun. En vertu de la loi de finances pour 2024, le montant maximum de l'avantage fiscal et social accordé a été porté à 900 euros par salarié et par an dans le secteur privé en cas de cumul avec la participation obligatoire de l'employeur à l'abonnement aux transports publics. À partir du 1er janvier 2025, ce montant de 900 euros s'appliquera dans toute la France.

Ce dispositif complète parfaitement l'installation de stationnements vélo sécurisés en créant une double incitation : matérielle (infrastructure) et financière (prise en charge). Découvrez tous les détails dans notre article sur le forfait mobilité durable comme levier stratégique.

Obligations de stationnement vélo en entreprise

Le décret de loi relatif à la sécurisation des infrastructures de stationnement des vélos dans les bâtiments, entré en vigueur le 26 décembre 2022, impose de nouvelles obligations en matière de création de stationnement vélo. Pour les services publics, le législateur a fixé un seuil minimal d'emplacements correspondant à 15% de l'effectif total des agents et 15% de celui des usagers dans les bâtiments neufs, 10% de l'effectif total des agents et 10% de celui des usagers lorsque des travaux sont entrepris sur le parc de stationnement automobile annexe.

De la donnée au concret : comment agir dès maintenant ?

Évaluer l'existant et les besoins

Avant d'engager des travaux, un diagnostic précis s'impose :

  • Audit de mobilité : qui vient comment ? Depuis où ? Quels sont les freins à l'usage du vélo ?
  • Évaluation des infrastructures existantes : capacité, sécurisation, accessibilité
  • Estimation des besoins futurs : en tenant compte des objectifs de report modal

Cette phase de diagnostic peut être intégrée dans votre Plan de Mobilité Employeur ou réalisée de manière autonome.

Concevoir un parking vélo adapté et performant

Un parking vélo efficace doit répondre à plusieurs critères essentiels :

Capacité suffisante : anticiper la croissance de la pratique vélo (facteur 2 à 3 sur 3-5 ans selon les retours d'expérience)

Sécurisation optimale :

  • Contrôle d'accès (badge, digicode, clé)
  • Arceaux vélo permettant l'attache du cadre et d'une roue
  • Éclairage permanent
  • Vidéosurveillance si possible

Accessibilité :

  • Localisation à moins de 50 mètres de l'entrée principale
  • Absence de marches ou rampe d'accès
  • Portes larges permettant le passage des vélos cargo et adaptés

Protection :

  • Couverture contre les intempéries
  • Solution de recharge pour vélos électriques (prises standards)
  • Système de ventilation si local fermé

Services complémentaires :

  • Kit de réparation basique
  • Pompe à disposition
  • Consignes pour accessoires
  • Vestiaires et douches à proximité

Pour vous faire accompagner dans la conception de votre projet, n'hésitez pas à prendre rendez-vous avec nous. Nous proposons des services d'accompagnement sur-mesure pour le dessin et le chiffrage de votre parking vélo.

Pour découvrir comment éviter les erreurs les plus fréquentes, consultez notre article sur les 5 erreurs courantes dans l'aménagement des parkings vélos.

Communiquer et inciter à l'usage

La mise à disposition d'infrastructures doit s'accompagner d'une communication active :

  • Présentation du parking lors de son inauguration
  • Formation à la pratique du vélo en ville
  • Mise en place du Forfait Mobilités Durables
  • Animation d'une communauté de vélotaffeurs
  • Challenges inter-services
  • Partenariats avec des vélocistes locaux pour l'entretien

Pour aller plus loin, découvrez notre top 6 des idées originales pour développer la culture du vélotaf en entreprise.

De la donnée CSRD à l'action : mesurer et valoriser

Collecter les données de mobilité

Pour alimenter votre reporting CSRD, vous devez mettre en place des outils de mesure :

Comptage des utilisateurs :

  • Badges d'accès au parking vélo
  • Compteurs automatiques à l'entrée
  • Enquêtes régulières auprès des collaborateurs

Estimation des km parcourus :

  • Géolocalisation des domiciles (données anonymisées)
  • Déclarations dans le cadre du FMD
  • Application dédiée type Geovélo employeur

Calcul des émissions évitées :

  • Utilisation des facteurs d'émission de l'ADEME
  • Comparaison avec le scénario "voiture"
  • Publication annuelle des résultats

Valoriser dans le reporting CSRD

Ces données doivent être intégrées dans plusieurs sections de votre rapport :

ESRS E1 (Changement climatique) :

  • Réduction des émissions de Scope 3
  • Contribution aux objectifs de l'Accord de Paris
  • Plan de transition avec objectifs chiffrés

ESRS E2 (Pollution) :

  • Réduction de la pollution atmosphérique locale
  • Amélioration de la qualité de l'air

ESRS S1 (Personnel de l'entreprise) :

  • Amélioration de l'équilibre vie pro/perso
  • Réduction des temps de trajet et du stress
  • Impact sur la santé et la réduction de l'absentéisme
  • Accidents de trajets évités

ESRS G1 (Gouvernance) :

  • Politique de mobilité durable
  • Investissements dans les infrastructures
  • Dialogue social sur la mobilité

De la conformité à l'opportunité : anticiper 2027-2028

Un report qui devient un avantage concurrentiel

Le report de deux ans de l'application de la CSRD ne doit pas être perçu comme un répit permettant de repousser l'action. Au contraire, c'est une opportunité pour les entreprises visionnaires de :

  • Prendre de l'avance sur leurs concurrents
  • Tester et optimiser leurs infrastructures avant l'obligation de reporting
  • Collecter des données sur plusieurs années pour démontrer une trajectoire crédible
  • Affiner leur plan de transition sur la base de résultats réels

Les entreprises qui installeront dès maintenant des parkings vélo sécurisés pourront présenter en 2028 un historique de 3 à 4 ans de données, démontrant ainsi un engagement authentique et non une simple mise en conformité de dernière minute.

Une solution structurante et mesurable

La directive CSRD ne se contente pas d'imposer un reporting sur les émissions liées aux trajets domicile-travail. Elle crée une obligation de résultat sur la décarbonation de ces déplacements. Les entreprises devront prouver qu'elles ont mis en place des mesures concrètes pour réduire ces émissions.

Parmi ces mesures, l'installation de stationnements vélos sécurisés est une solution :

  • Structurante : elle modifie durablement les comportements de mobilité
  • Visible : elle témoigne de l'engagement de l'entreprise
  • Mesurable : elle permet de quantifier précisément l'impact carbone évité
  • Valorisable : elle s'inscrit dans plusieurs volets du reporting CSRD (E1, E2, S1)

Les bénéfices qui dépassent la conformité

Au-delà de la simple conformité réglementaire, investir dès maintenant dans des infrastructures vélo représente une opportunité de :

  • Réduire l'empreinte carbone de l'entreprise
  • Améliorer le bien-être et la santé des collaborateurs
  • Diminuer l'absentéisme de façon mesurable
  • Renforcer l'attractivité employeur dans un contexte de guerre des talents
  • Contribuer concrètement à la transition écologique
  • Se positionner comme entreprise responsable auprès des parties prenantes

Combien coûte un parking vélo en entreprise ?

Le coût d'un parking vélo varie considérablement selon plusieurs facteurs : type d'infrastructure (extérieure ou intérieure), niveau de sécurisation, capacité et services annexes. En moyenne, comptez entre 200€ et 800€ par place vélo installée.

Consultez nos tarifs détaillés ou contactez-nous pour une étude personnalisée.

Pour une analyse détaillée des coûts, consultez notre article complet : Combien coûte un parking vélo ?

Pour aller plus loin

Sources principales

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