Pourquoi si peu de femmes font du vélo ? Analyse et solutions

La pratique du vélo chez les femmes reste nettement inférieure à celle des hommes en France. Pourtant, le vélo est un mode de transport écologique, économique, et bénéfique pour la santé. Lors du webinaire du 10 avril 2025 organisé par l’association Les Femmes à Vélo, Mélodie Cros Ferréol, co-présidente de La Ville à Vélo, a présenté un état des lieux détaillé avec de nombreux chiffres clés. Elle a mis en lumière les freins spécifiques à la pratique féminine et proposé des solutions concrètes. Ce phénomène s’inscrit aussi dans un contexte plus large, celui de la filière vélo, où la place des femmes reste faible, comme je l’explique dans mon article La place des femmes dans la filière vélo. La féminisation du secteur et la pratique du vélo sont ainsi intimement liées.
Pourquoi si peu de femmes font du vélo ? Analyse et solutions

1. Des chiffres parlants : un déséquilibre marqué dans la pratique du vélo

  • En France, seules 35 % des cyclistes réguliers sont des femmes, contre une moyenne européenne entre 40 % et 45 % (Ministère de la Transition Écologique, 2023).
  • La pratique quotidienne chez les femmes ne dépasse pas 8 %, contre 14 % chez les hommes (INSEE, 2024).
  • Dans des grandes villes comme Paris, la part de cyclistes féminines tombe à 30 % (APUR, 2023).
  • Ces chiffres soulignent une sous-représentation féminine qui freine les objectifs d’égalité et de transition écologique.

2. Les freins spécifiques à la pratique du vélo chez les femmes

2.1 Le sentiment d’insécurité persistant

  • 63 % des femmes ne se sentent pas en sécurité à vélo, contre 42 % des hommes (Baromètre sécurité vélo 2024, IFSTTAR).
  • Le risque d’agressions ou d’harcèlement freine 45 % des femmes cyclistes (FUB).
  • Sur les accidents vélo-voiture, les femmes représentent un tiers des victimes, ce qui révèle un risque relatif élevé (ONISR, 2024).

2.2 Des infrastructures mal adaptées aux trajets courts et multiples féminins

  • 70 % des aménagements cyclables ignorent les besoins spécifiques des femmes.
  • Les femmes effectuent souvent des déplacements en "petits sauts de puces" : elles s’arrêtent dans plusieurs commerces, font des courses de proximité, accompagnent les enfants à l’école ou aux activités extrascolaires.
  • Ces trajets courts et multiples nécessitent des infrastructures adaptées, ce qui n’est pas encore la norme.
  • Seulement 28 % des parkings vélo sécurisés sont situés dans des lieux jugés sûrs par les femmes (enquête Les Femmes à Vélo, 2023).
  • De plus, 60 % des pistes cyclables manquent d’éclairage suffisant, pénalisant les trajets nocturnes féminins.

2.3 Le manque de modèles féminins et les comportements sexistes

  • Le manque de modèles féminins visibles décourage environ 40 % des femmes à s’engager régulièrement dans la pratique du vélo (enquête Les Femmes à Vélo).
  • En tant que femme dans ce secteur d’activité, je constate que c’est encore un milieu majoritairement masculin, avec des comportements sexistes persistants.
  • Malgré les progrès réalisés grâce aux actions d’associations telles que Les Femmes à Vélo ou Les Roues Libres, la route reste longue.
  • Le soutien mutuel entre femmes est indispensable pour dépasser ces obstacles, favoriser un environnement inclusif et encourager la féminisation de la pratique et du secteur.

3. La place des femmes dans la filière vélo : un défi complémentaire

Dans mon article La place des femmes dans la filière vélo, j’explique que la féminisation du secteur vélo est encore trop faible :

  • Les femmes représentent 32,5 % des salariés dans les entreprises du secteur (Baromètre Le Job Vélo - Weelz!).
  • 66 % des entreprises n’ont pas d’actions spécifiques pour promouvoir la parité.
  • 58 % des femmes dans le secteur ont été victimes ou témoins de violences sexistes ou sexuelles, un frein majeur à leur inclusion.
  • Pourtant, 90 % des femmes travaillant dans la filière sont elles-mêmes cyclistes, soulignant le lien fort entre pratique et emploi.
  • Les métiers techniques restent encore perçus comme masculins, ce qui limite l’attractivité auprès des candidates.

La féminisation de la pratique et celle de la filière vélo doivent avancer de concert pour assurer une dynamique positive et durable.

4. Solutions pour encourager plus de femmes à faire du vélo

4.1 Adapter les infrastructures à la mobilité féminine

  • Développer des parkings vélo sécurisés situés dans des zones fréquentées par les femmes, avec une augmentation de 50 % prévue dans certaines régions (INEO, 2024).
  • Améliorer l’éclairage sur 100 % des pistes cyclables principales (Plan national Vélo, 2023).
  • Concevoir des itinéraires prenant en compte les trajets courts et multiples, adaptés aux besoins féminins.

4.2 Lutter contre les stéréotypes et valoriser la visibilité féminine

  • Lancer des campagnes pour faire passer la part des femmes cyclistes de 35 % à 50 % d’ici 2030 (Plan national Vélo).
  • Multiplier par 3 la visibilité des cyclistes féminines dans les médias (projet Les Femmes à Vélo).
  • Promouvoir les parcours de femmes dans la filière vélo, renforçant ainsi l’attractivité des métiers.

4.3 Améliorer la sécurité et le soutien

  • Proposer des formations spécifiques à la sécurité vélo pour les femmes, pour diminuer le sentiment d’insécurité de 30 % en deux ans (rapport FUB, 2023).
  • Créer des groupes d’accompagnement, qui ont permis d’augmenter la pratique féminine de 25 % dans des zones pilotes.

5. Le rôle moteur de l’association Les Femmes à Vélo

Créée en 2019, Les Femmes à Vélo œuvre pour :

  • Fédérer les initiatives en faveur de la mobilité féminine.
  • Obtenir plus de 2 millions d’euros pour financer des projets régionaux.
  • Organiser plus de 50 événements et formations, touchant plus de 5 000 participantes.
  • Réaliser des enquêtes auprès de 10 000 cyclistes féminines pour mieux cibler les actions.

Conclusion : une mobilité féminine clé pour une filière vélo inclusive et durable

Les freins à la pratique du vélo chez les femmes sont nombreux mais bien identifiés. Les chiffres montrent que les solutions existent et que leur mise en œuvre est urgente.
L’évolution vers une plus grande égalité d’accès au vélo, dans la pratique comme dans la filière professionnelle, est indispensable.
Encourager les femmes à faire du vélo, c’est aussi renforcer la filière vélo dans son ensemble.

Pour approfondir cette réflexion, retrouvez mon article sur La place des femmes dans la filière vélo.

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