Un déséquilibre marqué dans la pratique du vélo
- En France, 35% des cyclistes réguliers sont des femmes (Ministère de la Transition Écologique, 2023).
- Leur pratique quotidienne plafonne à 8%, contre 14% pour les hommes (INSEE, 2024).
- Dans des agglomérations comme Paris, la proportion chute à 30% (APUR, 2023).
À titre de comparaison, aux Pays-Bas et au Danemark, pays modèles de la mobilité cyclable, la part féminine atteint 50% (European Cyclists’ Federation, 2024). Ce décalage illustre le retard français en matière d’inclusivité dans le vélo du quotidien.
Les freins spécifiques rencontrés par les femmes
Sentiment d’insécurité persistante
- 63% des femmes déclarent ne pas se sentir en sécurité à vélo, contre 42% des hommes (Baromètre sécurité vélo, IFSTTAR, 2024).
- 45% d’entre elles craignent particulièrement les agressions ou le harcèlement (FUB).
- Les femmes représentent un tiers des victimes d’accidents vélo-voiture (ONISR, 2024), un chiffre proportionnellement plus élevé que leur part dans la pratique.
Infrastructures peu adaptées aux usages féminins
La mobilité féminine se caractérise par des trajets courts et multiples : déposer un enfant à l’école, s’arrêter faire des courses, enchaîner plusieurs déplacements de proximité. Or :
- 70% des aménagements cyclables ne prennent pas en compte cette réalité (Les Femmes à Vélo, 2023).
- Seuls 28% des parkings vélo sécurisés sont situés dans des lieux jugés suffisamment sûrs par les femmes.
- 60% des pistes souffrent encore d’un éclairage insuffisant, ce qui limite les trajets en soirée.
Manque de modèles féminins et persistance des comportements sexistes
- 40% des femmes se disent découragées par l’absence de modèles féminins visibles (Les Femmes à Vélo, 2023).
- Le monde du vélo, qu’il s’agisse de la pratique ou de la filière professionnelle, reste encore massivement masculin.
- Les comportements sexistes perdurent, freinant l’adhésion et le sentiment de légitimité dans cet univers.
La place des femmes dans la filière vélo
Dans mon article La place des femmes dans la filière vélo, j’explique en détail pourquoi la féminisation du secteur vélo est une étape essentielle à franchir. Quelques données récentes :
- Les femmes représentent 32,5% des salariés du secteur (Baromètre Weelz! - Le Job Vélo, 2024).
- 66% des entreprises n’ont pas engagé d’actions en faveur de la parité.
- 58% des professionnelles déclarent avoir subi ou été témoins de comportements sexistes ou sexuels.
- Pourtant, 90% des femmes travaillant dans la filière vélo sont elles-mêmes cyclistes, preuve du lien fort entre égalité professionnelle et pratique quotidienne.
La féminisation de la pratique et celle de la filière sont donc intimement liées : difficile de faire progresser l’une sans l’autre.
Solutions pour encourager davantage de femmes à pédaler
Adapter les infrastructures
- Développer des parkings vélo sécurisés dans les lieux fréquentés par les femmes (gares, écoles, commerces).
- Généraliser l’éclairage sur 100% des grands axes cyclables (Plan national Vélo 2023).
- Concevoir des réseaux cyclables adaptés aux trajets courts et multiples.
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Valoriser la visibilité féminine
- Mener une campagne nationale visant à augmenter la part des femmes cyclistes de 35 à 50% d’ici 2030.
- Tripler la visibilité médiatique des cyclistes féminines.
- Mettre en avant les parcours de femmes dans la filière vélo, pour renforcer l’attractivité du secteur.
Améliorer la sécurité et le soutien
- Développer des formations spécifiques à la sécurité vélo pour les femmes, avec un objectif de réduction de 30% du sentiment d’insécurité en deux ans.
- Créer des groupes d’accompagnement entre femmes, dispositifs qui ont déjà permis d’augmenter la pratique de 25% dans certaines zones pilotes.
Le rôle moteur de l’association Les Femmes à Vélo
Depuis sa création en 2019, cette association a :
- Fédéré les initiatives autour de la mobilité féminine.
- Obtenu plus de 2 M€ de financements régionaux.
- Organisé plus de 50 événements et formations, touchant 5 000 participantes.
- Réalisé une enquête auprès de 10 000 cyclistes féminines, pour affiner les solutions.
Elle est un acteur clé pour transformer la pratique féminine du vélo en un levier puissant de transition écologique.
Conclusion : un enjeu de société et de filière
Encourager les femmes à faire du vélo n’est pas seulement une affaire d’égalité, c’est une condition indispensable pour réussir le développement du vélo en France. Plus d’infrastructures adaptées, plus de visibilité et plus de sécurité permettront d’atteindre la parité.
La féminisation de la pratique et de la filière vélo doit progresser ensemble : c’est l’un des leviers les plus puissants pour rendre la mobilité active durable et inclusive.
Pour approfondir cette réflexion, retrouvez également :
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Comment lever ces freins pour que les femmes prennent pleinement leur place dans la mobilité à vélo ?