Le programme Alvéole est lancé en 2017 dans un objectif clair : soutenir l’usage du vélo comme mode de transport du quotidien, en particulier dans le logement social. Deux leviers sont actionnés :
Dans de nombreux quartiers populaires, les freins à la pratique sont nombreux : peur du vol, manque d’équipements, absence de repères dans la circulation. En rendant le stationnement sécurisé accessible, Alvéole a levé des obstacles majeurs à l’adoption du vélo au quotidien.
En 2019, le programme s’élargit. Alvéole 2 cible désormais :
L’objectif est d’intégrer le vélo dans des chaînes de déplacement multimodales, en assurant un stationnement sécurisé à chaque étape.
Parallèlement, les actions de sensibilisation et de formation sont renforcées, notamment auprès des élèves et des personnels éducatifs. La logique est simple : sécuriser, mais aussi éduquer, pour changer durablement les comportements.
À la sortie du premier confinement, en mai 2020, le programme Alvéole 2 devient l’outil de déploiement du "Coup de pouce vélo", une mesure nationale inédite. Le principe : 50 € offerts par l’État pour faire réparer son vélo.
Les résultats sont spectaculaires :
Cette opération révèle un phénomène fondamental : le vélo devient un mode de transport grand public, et non plus réservé à une minorité. Le besoin de stationnements vélo sécurisés explose.
En 2022, la version Alvéole Plus professionnalise le dispositif :
Ce volet d’ingénierie est essentiel : beaucoup d’acteurs veulent installer du stationnement sécurisé, mais ne savent pas comment faire. Alvéole Plus comble ce vide technique en mettant en relation porteurs de projets et experts.
La fin annoncée du programme Alvéole Plus en 2025 pose une question majeure : comment maintenir la dynamique engagée ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le Baromètre des villes cyclables 2021 de la FUB, 64 % des cyclistes disent rencontrer des difficultés pour stationner leur vélo. Ce besoin est constant, structurel, et loin d’être résolu.
Mais dans un contexte où l’État cherche à réduire ses dépenses, le vélo n’est plus une priorité. Cette orientation budgétaire inquiète les acteurs de terrain. Sans financement public structurant, les projets de stationnement sécurisé risquent d’être gelés.
Ce désengagement est paradoxal. Toutes les études montrent que le vélo est rentable pour la collectivité. D’après une analyse relayée par Clap Vélo, chaque kilomètre parcouru à vélo représente environ 1 € de coût de santé évité. Le vélo réduit l’absentéisme, améliore la santé publique, désengorge les transports… et coûte peu à installer.
Abandonner ces investissements revient à reporter des dépenses bien plus lourdes sur la santé, la voirie, les infrastructures routières.
Face à ce désengagement national, les collectivités locales deviennent des acteurs clés. Certaines l’ont déjà compris et intègrent des lignes budgétaires dédiées au stationnement vélo sécurisé dans leurs projets de voirie, de rénovation urbaine ou de développement immobilier.
Mais pour maintenir l’élan initié par Alvéole, il faut aller plus loin. Un passage à l’échelle est nécessaire. Cela implique :
Le programme Alvéole a démontré son efficacité. En combinant stationnement sécurisé, accompagnement technique et formation des usagers, il a permis de franchir un cap dans la normalisation de la mobilité cyclable.
Le risque, aujourd’hui, est de voir cet élan freiné par des choix budgétaires de court terme. Or, le vélo n’est pas une dépense. C’est un investissement rentable, durable, et structurant pour les territoires.
À l’heure où l’urgence climatique s’intensifie, laisser les collectivités locales, les copropriétés, bailleurs etc. seules face à la demande croissante en stationnement sécurisé serait une erreur stratégique. Au contraire, il est temps de faire du vélo un enjeu national prioritaire, comme le rappelle fort justement cet appel à l’action de la communauté vélo.