Peut-on vendre les vélos abandonnés dans une copropriété ?

En copropriété, la question du traitement des vélos abandonnés revient régulièrement dans les débats d’assemblée générale. Entre caducs encombrants dans les locaux vélos, sentiment d’injustice pour les résidents réguliers et contraintes réglementaires, le syndic dispose de moyens d’action… mais pas sans respecter une procédure stricte. Selon l’article 18 de la loi du 10 juillet 1965, le syndic doit « assurer la conservation de l’immeuble et l’administration des parties communes ». À ce titre, il peut initier l’enlèvement des biens laissés durablement à l’abandon. Mais qu’en est-il de leur vente ? Quels cadres juridiques et quelles alternatives sont possibles ?
Peut-on vendre les vélos abandonnés dans une copropriété ?

Pourquoi faut-il traiter les vélos abandonnés ?

Les vélos non utilisés et laissés dans les locaux collectifs engendrent plusieurs difficultés pour les copropriétés :

  • Encombrement des locaux : ils réduisent le nombre de places disponibles pour les usagers réguliers.
  • Accroissement du désordre et de l’insécurité : cadenas cassés, vélos rouillés ou sans roues créent un climat d’abandon.
  • Impact écologique : des vélos encore en état pourraient être réutilisés plutôt que de finir comme épaves.

Un état des lieux réalisé en 2023 par la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) estimait que 10 à 15% des vélos présents dans les locaux collectifs sont en réalité abandonnés (source : FUB, Enquête Parlons Vélo, 2023).

Procédure légale d’enlèvement

Un syndic ne peut pas agir seul en cassant des cadenas et en débarrassant les vélos, sauf situation de danger immédiat. Une procédure encadrée doit être suivie :

  1. Adoption d’une résolution en AG
    L’assemblée générale des copropriétaires doit voter une règle interne précisant comment identifier les vélos abandonnés (étiquetage, délais, affichage obligatoire).
  2. Affichage obligatoire
    Une affiche annonçant la campagne d’étiquetage doit être visible dans les parties communes pendant minimum 1 mois.
  3. Étiquetage des vélos
    Un autocollant est posé sur chaque vélo suspecté d’abandon. Si le propriétaire ne se manifeste pas, le vélo est considéré comme abandonné.
  4. Retrait et stockage
    Les vélos peuvent alors être retirés du local, parfois stockés provisoirement dans une autre pièce de l’immeuble.

Pour plus de détails pratiques, voir l’article Comment faire retirer les vélos de ma copropriété ?.

Vente des vélos abandonnés : que dit la loi ?

Une fois enlevés, deux options se présentent : leur destruction ou leur réutilisation (vente ou don).
Ici, la loi est claire : ces biens ne peuvent pas être vendus arbitrairement par le syndic.

Conformément à l’article 26 de la loi du 10 juillet 1965, toute décision relative à l’aliénation de biens appartenant à la copropriété (en l’absence de propriétaire identifié) doit être votée à la majorité qualifiée des copropriétaires.

Cela signifie :

  • Pas de vente possible sans AG.
  • Documenter rigoureusement chaque étape (photos, procès-verbal, stockage).
  • Risque de contestation en cas de vente sans procédure régulière.

En pratique, la vente des vélos est juridiquement possible, mais elle reste rare car la logistique est lourde et les recettes souvent dérisoires.

Alternatives recommandées : privilégier le don

De nombreuses copropriétés choisissent de donner les vélos abandonnés plutôt que de les vendre. C’est une solution :

  • Plus simple : pas de gestion des fonds ni de logistique de vente.
  • Écologique : les vélos trouvent une seconde vie, réparés ou recyclés.
  • Socialement utile : diverses associations récupèrent les vélos pour les remettre sur le marché solidaire.

À Paris, par exemple, plusieurs associations se chargent de collecter les vélos abandonnés. Voir notre article Les associations sur Paris qui récupèrent les vieux vélos.

Si malgré tout la copropriété vend les vélos…

Dans le cas où la vente est décidée et votée en AG, la question des recettes doit être tranchée. Plusieurs options existent :

  • Affectation au budget général : financement des réparations courantes.
  • Création d’un fonds spécial : par exemple pour améliorer le local vélo.
  • Réduction des charges : solution plus rare mais possible si le produit est significatif.
  • Financement d’initiatives communautaires : événements ou achats collectifs.

Responsabilités du syndic

Le syndic joue un rôle clé mais limité :

  • Il met en œuvre les décisions d’AG.
  • Il s’assure que la procédure respecte les délais légaux.
  • Il est garant de la traçabilité des biens retirés.

Toute initiative en dehors de ce cadre peut engager sa responsabilité civile et même pénale.

Questions fréquentes

Faut-il toujours voter en AG pour retirer des vélos ?
Oui. Une décision collective évite tout litige.

Un syndic peut-il vendre directement les vélos après enlèvement ?
Non, sauf si l’AG l’y autorise expressément.

Donner est-il préférable à vendre ?
Oui, c’est plus écologique, plus simple et souvent plus rapide.

Conclusion

La vente des vélos abandonnés en copropriété est légalement possible, mais elle reste une solution lourde et peu rentable. Juridiquement sécurisée uniquement après un vote en assemblée générale, elle nécessite une organisation stricte de la part du syndic.

En revanche, le don à des associations locales s’impose comme une alternative plus simple, écologique et socialement vertueuse. Il permet de libérer de la place, d’éviter des litiges et de participer à l’économie circulaire.

Pour aller plus loin

👉 Et vous, dans votre copropriété : privilégieriez-vous la vente pour financer d’autres projets, ou le don pour soutenir une démarche écologique et solidaire ?

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