Pourquoi la loi LOM qui autorise les copropriétaires cyclistes à financer leur parking vélo est une fausse bonne idée

Promulguée le 24 décembre 2019, la loi d’orientation des mobilités (LOM) a marqué un tournant dans l’organisation des déplacements en France. Mais ses effets en copropriété restent controversés. Son article 54 (modifiant le II de l’article 24 de la loi n° 65-557 du 10 juillet 1965) permet à un groupe restreint de copropriétaires de financer eux-mêmes l’aménagement d’un parking vélo dans les parties communes. À première vue, cette disposition semble encourager la mobilité durable. Mais dans la pratique, elle ouvre la voie à des conflits, des déséquilibres financiers et des difficultés juridiques qui peuvent fragiliser la vie en copropriété. Selon la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette, 2024), près de 50% des cyclistes renoncent à utiliser leur vélo régulièrement faute de stationnement adapté. Si le besoin est réel, la solution proposée par la loi LOM n’est pas toujours la plus efficace.
Pourquoi la loi LOM qui autorise les copropriétaires cyclistes à financer leur parking vélo est une fausse bonne idée

Gestion complexe de l’espace

Un local vélo partagé par seulement quelques copropriétaires ne résout pas le problème de fond : la rareté de l’espace collectif.

  • Un cycliste peut se retrouver sans place malgré sa contribution.
  • La gestion au quotidien devient compliquée (contrôle d’accès, attribution des places, suivi de l’occupation).
  • Les tensions autour de l’équité d’utilisation apparaissent rapidement.

👉 Pour approfondir ce sujet, voir notre analyse : 5 erreurs courantes dans l’aménagement des parkings vélos et comment les éviter.

Une privatisation déguisée des parties communes

Juridiquement, l’espace reste une partie commune. Pourtant, seuls les copropriétaires financeurs en bénéficient. Cela revient à une appropriation partielle qui :

  • brouille la notion d’indivision,
  • provoque des contestations sur la répartition équitable des charges,
  • crée un précédent difficilement gérable si d’autres copropriétaires réclament un usage spécifique.

Selon Maître Naudin, avocat spécialisé en droit immobilier (2023), cette disposition est « un terrain propice aux litiges, car elle fragilise la cohésion autour de l’usage des communs ».

Risques de squats et d’usages indus

Un parking vélo en accès libre attire des usagers non concernés :

  • habitants de l’immeuble n’ayant pas contribué,
  • invités, voisins, voire squatters.

À long terme, cela décrédibilise le projet et fragilise la gestion collective, surtout lorsqu’aucun règlement intérieur strict n’a été adopté.

👉 À lire : À quoi sert le règlement intérieur des espaces vélos en copropriété ?.

Frictions entre copropriétaires

L’expérience montre que dans les projets financés par un petit groupe, des divergences apparaissent très vite :

  • Certains copropriétaires ayant refusé initialement souhaitent finalement accéder au local.
  • Les financeurs de départ contestent de devoir partager l’espace sans compensation.
  • Les discussions sur le « juste prix » créent des blocages en assemblée générale.

👉 Lire également : Peut-on attribuer les places d’un parking vélo en copropriété ?.

Défis en cas de revente d’appartement

Lorsqu’un copropriétaire ayant participé au financement revend son bien, le nouvel acquéreur devient copropriétaire des communs au même titre que les autres. Se pose alors la question : a-t-il accès au local vélo sans avoir contribué ?

Cette contradiction engendre :

  • des imprécisions juridiques,
  • des risques de litiges post-vente,
  • une difficulté de gestion pour le syndic.

Inégalités dans la contribution et l’usage

Une famille avec cinq vélos n’a pas le même besoin qu’un copropriétaire seul. Pourtant, la loi ne prévoit aucun mécanisme de proportionnalité.

Cela revient à instaurer une injustice fonctionnelle :

  • ceux qui utilisent beaucoup paient parfois moins que d’autres,
  • le partage des dépenses et des droits reste déséquilibré.

Réglementation et responsabilités : un cadre flou

Le texte de loi (art. 54 de la LOM) n’impose aucune obligation de règlement intérieur ni mécanisme de suivi. Ce vide crée un environnement juridique fragile, où le syndic et le conseil syndical se retrouvent démunis pour :

  • gérer les droits d’accès,
  • limiter les utilisations abusives,
  • adapter le dispositif après quelques années.

👉 Pour comprendre en détail les obligations légales en copropriété, voir : Les obligations des copropriétés en matière de construction de places de parking vélo.

La vraie solution : un projet collectif et équitable

Plutôt que de laisser quelques copropriétaires financer seuls un parking vélo au risque de créer des fractures durables, il est préférable d’adopter une démarche collective.

Outils recommandés :

Conclusion

La loi LOM avait pour ambition louable de favoriser le vélo au quotidien. Mais en autorisant les copropriétaires cyclistes à financer seuls leur parking vélo dans les parties communes, elle introduit une source de conflits plutôt qu’une solution collective.

Les écueils sont nombreux : privatisation déguisée des communs, inégalités entre copropriétaires, risques de squat, gestion compliquée lors des ventes, et déséquilibres financiers dans l’usage.

La véritable réponse passe par une conception partagée et professionnelle des espaces vélo, intégrée à la gestion globale de la copropriété.

👉 Vous envisagez un projet dans votre immeuble ? Prenez rendez-vous pour une étude sur mesure : Contactez Clap vélo.

Inscription à la newsletter
Pas de spam, uniquement des informations sur des supports vélos  innovants, des articles sur le stationnement vélo et des interviews exclusifs.
Plus d'information sur notre politique de confidentialité
Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.